Comment pouvons-nous imaginer des choses que nous n’avons jamais vues ? À propos de la lettre 7 d’Augustin a Nebridius

Autores

  • Emmanuel Bermon

Resumo

Dans la Lettre 6 du corpus augustinien, Nebridius avait demandé à Augustin si les images de l’imagination ne sont pas a priori, ce qui expliquerait notre faculté d’imaginer des choses que nous n’avons jamais vues. Dans sa réponse, qui constitue l’un de ses développements les plus approfondis sur l’imagination, Augustin montre que les représentations de l’imagination sont fondamentalement dépendantes des sens et, de façon significative, il définit comme Plotin avant lui l’image comme un « coup » (plaga) reçu des sens. Dans ces conditions, comment comprendre qu’il nous arrive d’imaginer des choses que nous n’avons jamais perçues ? Pour répondre à ce problème, Augustin établit une tripartition des images, selon qu’elles sont « imprimées » à partir de choses qui ont été senties (sensis rebus), de choses que l’on s’est figurées (putatis) ou de choses que l’on a calculées (ratis). Dans le premier cas, nous nous souvenons de nos perceptions. La formation des deux autres types d’images s’explique quant à elle par la recomposition de souvenirs, suivant un processus qui est rapidement présenté. Cet article aborde trois points difficiles : (1) la démonstration par l’absurde de la dépendance fondamentale de l’imagination par rapport à la vision (§3) ; (2) la classification des différents genres d’images et plus particulièrement la nature des images du troisième genre ; (3) l’argument final qui est dirigé contre l’idée selon laquelle l’âme contiendrait des images a priori et qui fait intervenir, semble-t-il, l’âme du monde (§7).

Mots-clefs : Imagination, réminiscence, phantasia, phantasma, âme du monde.

Auteurs anciens et médiévaux étudiés : Augustin, Nebridius, Aristote, Plotin, Porphyre.

DOI: http://doi.org/10.21747/21836884/med38a1

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Publicado

2021-12-03